Septembre 2015. Nouvelle année scolaire. Nouvelle école. Nouvelle routine. Nouveau moyen de transport. La seule chose qui n’a pas changé : ma volonté que tout se passe à la perfection. C’est CETTE année que les matins seront harmonieux, que nous ATTENDRONS l’autobus plutôt que de courir après, que je pourrai utiliser ma voix d’intérieur pour rappeler aux enfants que c’est bientôt l’heure de partir plutôt que de crier comme une hystérique : « COME ON LES FILLES !!!! ».
Malheureusement, après une semaine mes fantasmes de famille souriante se fracassaient contre la réalité d’un horaire géré par deux enfants n’ayant absolument AUCUNE notion du temps.
Mercredi matin, la panique traditionnelle était de retour devant un lunch qui DEVAIT être fait, mais qui ressemblait davantage à celui d’un prisonnier qui fait la grève de la faim, et deux filles bougeant au rythme du lièvre dans l’histoire du lièvre et de la tortue… Après seulement 4 jours d’école, les roucoulements « Bonne journée mes amours » des premiers matins étaient remplacés par « AHHH COME ON!!! », suivi de la menace : « Si tu manques l’autobus parce que tu perds ton temps, tu vas marcher jusqu’à l’école !!! ».
Ben oui, je sais… les filles aussi ont probablement levé les yeux au ciel…
Mais qu’elles m’aient cru ou non, l’objectif fût atteint : elles étaient à l’heure pour prendre l’autobus ! Malheureusement, je les ai regardées partir de la maison le cœur en miette… Déclencheur parfait pour entamer une bonne réflexion afin de changer notre dynamique familiale!
J’ai donc profité de cette vague de culpabilité maternelle pour faire l’inventaire de ce qui ne fonctionnait pas.
Mon évaluation du temps
J’ai réalisé que je ne vis pas dans la même dimension « espace-temps » que mes filles. Elles évoluent dans un univers où :
Se brosser les dents prends 20 minutes même si la brosse à dents ne reste DANS la bouche que 90 secondes…
Descendre un escalier pour se préparer à partir pour l’école prend 10 minutes et peut nécessiter jusqu’à 3 arrêts — parfois assis. Oui, oui : le même escalier qui se descend à la vitesse de l’éclair quand un ami frappe à la porte !
Mon erreur est donc que je planifie en fonction du temps que ça ME prend pour accomplir une tâche… et je néglige l’intérêt des filles pour l’objectif à atteindre : par exemple, rater son autobus ou aller jouer chez « ma nouvelle amie qui a le même âge que moi !! ». À 7 ans, l’urgence sociale affecte drôlement la dimension temporelle.
Leur mémoire sélective.
Autre grave erreur : prendre pour acquis qu’elles ont de la mémoire pour autre chose que ce que je leur ai promis il y a 8 mois, 3 jours et 5 heures. J’avais la folle idée préconçue qu’étant donné que ça fait au moins 5 ans que je leur répète la même chose et que la routine est la même, qu’elles n’avaient plus besoin de rappel. Erreur ! La mémoire d’un enfant est aussi sélective que son écoute…
Déléguer sans superviser.
Depuis plus d’un an, les filles préparent leur propre lunch pour l’école. La raison : elles ont plus d’intérêt ou d’appétit pour ce qu’elles ont préparé, elles développent leur sens des responsabilités et je me débarrasse d’une tâche ennuyante ! Mais j’ai peut-être délégué un peu vite… J’étais heureuse de leur offrir l’opportunité de développer leur autonomie, mais j’ai peut-être un peu trop lâché prise…
Nos filles connaissent et respectent les règles au niveau du choix des aliments et Sofia est particulièrement bonne pour se confectionner des lunchs santé, complets et nutritifs. Mais à 7 ans, je réalise qu’Audrey a besoin de supervision pour bien évaluer la quantité et la diversité des aliments. Alors plutôt qu’inspecter la boite à lunch au moment du départ (quand je la soulève et que je constate qu’elle est affreusement légère), je supervise maintenant « en direct »… en savourant un verre de vin. Ce que je ne peux pas faire à 7 heures du matin !
Choisir ses vêtements le matin (en espérant mieux évaluer la température… ou espérer que les filles fassent le bon choix.)
« Qu’est-ce que je mets ce matin ? » Arghhhhh ! Mes princesses sont bonnes pour me déléguer la tâche de choisir pour elles, et rouspéter (le mot est faible) contre mes suggestions. Ou encore, improviser à partir de mes recommandations, pour être obligé de se changer 4 fois parce que « Non, on ne peut pas mettre une robe d’été en coton indien au mois d’octobre ! Même si tu mets des bottes de suède noires ! »
De mon côté, je fais trop souvent l’erreur de leur conseiller des vêtements en fonction de la météo… pour réaliser une heure après leur départ qu’on gèle même si « on » annonçait 26 !
J’ai l’impression que depuis que j’ai des enfants qui vont à l’école, la météo est devenue complètement chaotique ! Avant, il faisait soleil OU il pleuvait. Il faisait 24 OU 10. Aujourd’hui ? Matin brumeux, humide et frisquet, un magnifique soleil pour la récréation du matin avec un chaud 26 degrés, des nuages noirs et un vent glacial en après-midi… Arghhhh ! Et rien de tout ça n’avait été annoncé au bulletin météo de 6 h 30 !
Conclusion : comme on ne peut plus se fier aux prévisions météorologiques (ni à ce que mes suggestions soient accueillies avec joie dès le premier coup !), aussi bien préparer ses vêtements le soir avant de se coucher.
Faire confiance aux promesses d’un enfant qui veut VRAIMENT, mais VRAIMENT jouer encore JUSTE 5 minutes !
« Promis, promis, promis Maman que je vais faire ça super vite EN REVENANT ».
Heu… non. Relire les deux premiers points si jamais je commence à faiblir…
Fière de toutes ces révélations, je me suis précipitée sur Pinterest pour tenter de créer des tableaux de tâches et de routine motivants et efficaces. C’est vrai, ce n’est pas la première fois que j’exploite toute ma créativité pour créer le plus beau des tableaux. Mais jusqu’à présent c’était pour faire cute. Aujourd’hui, j’ai une stratégie et des arguments pour les implanter et surtout les renforcer ! Et en identifiant le meilleur moment pour accomplir certaines tâches, j’espère éliminer la panique et les conflits.
Notre frigo est donc maintenant couvert d’un calendrier pour que les filles sachent ce qui les attend le lendemain à l’école et ne plus me faire demander 10 minutes avant de partir : « J’ai-tu du gym aujourd’hui ? » ; d’une routine du matin, une pour le retour de l’école et une précédent l’heure du dodo afin d’éviter de répéter et de créer une commotion quand une de mes puces s’élance dehors et que je l’intercepte en lui demandant : « As-tu fait ton lunch ? »
Jusqu’à présent (1 semaine), les filles avouent qu’elles éprouvent un sentiment de satisfaction après avoir coché les tâches qu’elles ont accomplies, qu’elles aiment savoir ce qu’elles ont à faire sans se faire surprendre (!) par mes questions (du genre : As-tu fait ton lunch ?) et surtout pouvoir faire ce qu’elles veulent une fois qu’elles ont tout fait !
Moi j’ADORE la réorganisation des tâches qui nous permet d’éviter les moments de panique (comme choisir ses vêtements le matin ou faire les lunchs après le souper), et ne plus être la « méchante » qui rappelle 15 fois ce qu’elles ont à faire.
J’espère juste que ça va fonctionner jusqu’au mois de juin… J’ai déjà plié une fois et accepté de reporter quelques obligations pour permettre à Sofia de jouer avec un ami… Catastrophe totale ! Je suis donc doublement motivée à renforcer l’utilisation de nos listes ! Et je suis certaine que les filles apprécient de quitter la maison sans laisser derrière elles une mère complètement hystérique ! 😉
Notes :
- Plutôt que de plastifier mes tableaux, je les ai insérés dans des protecteurs en plastique. Moins chic, mais plus économique et surtout facile de remplacer une page si je dois faire des modifications.
- J’utilise des marqueurs avec effaceur sur un support magnétique. Mon coup de coeur! Tellement pratique d’avoir les crayons à portée de la main, sans courir le papier ou le linge pour effacer.
Oh ! J’ai déjà des tableaux pour les tâches ménagères, mettre le couvert, vider le lave-vaisselle… Mais pour certaines tâches, c’est juste : en septembre, Grand Garçon doit faire ça. Oui, sauf qu’il n’y a pas de date précise, et du coup, arrivé en octobre, on se rend compte que ça n’a pas été fait !
Je vais aller faire un tour sur Pinterest, moi… 😀 Merci ! (et bon courage!!!)
Merci! La clé c’est la ténacité… être plus forte que la paresse et les roucoulements des fille! lol!!
Super bon truc, ce tableau! Je vous souhaite des matins sereins!
Merci! Ça se passe déjà beaucoup mieux. On se croise les doigts! 😉
Il existe aussi des horloges pédagogiques comme celle-ci https://savoir.actualitte.com/article/enseignement/281/une-pendule-pour-enseigner-le-temps-en-maternelle mais on peut fabriquer sois même et plus simple en superposant par exemple au centre le cadran du matin et en périphérie celui du soir avec les différentes tâches (toilette, repas, jeu, TV, devoirs…). L’enfant comprend alors vite que s’il ne traîne pas trop à la salle de bain il a un peu plus de temps pour jouer 😉
Ah merci pour le truc et le lien, je pense que ça pourrait être très utile pour Audrey qui a tendance à trainer de la patte un peu! 😉 J’y jette un coup d’oeil sans faute!
J’ai également remarqué que nouvelle maison = nouvelle routine du matin. Avoir ou pas les chambres à l’étage change tout ! Et les tableaux ça fonctionne si les enfants sont coopératifs. Mon aîné ne l’était pas du tout, du coup il fallait de toutes façons que je répète encore et encore, en plus de devoir vérifier son tableau… mais d’autres au contraire seront rassurés, ma plus jeune aime faire des listes (elle tient de sa mère, pas de doute) et barrer au fur et à mesure ce qui est fait. En revanche, elle n’arrive pas à poser ses affaires au même endroit, donc c’est souvent la panique pour trouver le cahier, les clés, les chaussures… au moment de partir.
Bonne chance pour cette nouvelle organisation !
Merci! 🙂 Pour le moment les deux sont réceptives. Par contre, une en profite pour tout faire super rapidement et être ainsi libre, alors que l’autre aime bien cocher mais n’est pas pressée de le faire 😉 Mais ce qui fonctionne le mieux c’est vraiment la réorganisation du meilleur moment pour faire les différentes tâches!