Certaines personnes adoptent un régime sans gluten pour suivre une mode et perdre du poids. D’autres l’adoptent pour des raisons de survie et prennent du poids*!
Je fais malheureusement partie du deuxième groupe. Diagnostiquée cœliaque** en décembre, je n’ai pas eu le choix de changer mon régime alimentaire. Et les conséquences ne sont pas celles auxquelles je m’attendais!
Quand je suis arrivée en Nouvelle-Écosse, encore anémique et non diagnostiquée, je flottais dans des vêtements de taille 2. Aujourd’hui, je suis serrée dans du 12…
Au moment où mon médecin m’annonçait que je n’avais aucune trace de fer ni de vitamine B12 dans le corps, je pesais 118 livres (et j’allais en perdre encore quelques-unes). Aujourd’hui, je pèse 167 livres (ok… 167,5!).
Personne n’aime avouer prendre du poids. Malheureusement, il y a encore énormément de préjugés sur la maladie cœliaque. Je pense que c’est important de parler de notre vécu et familiariser la population sur cette maladie auto-immune qu’encore trop de gens associent à un caprice.
La prise de poids est un phénomène courant chez les cœliaques qui débutent un régime sans gluten. Personnellement, trois raisons expliquent ma prise de poids :
1. En bannissant le gluten de mon alimentation, je ne me vide plus littéralement après chaque repas pendant des semaines. (Sans commentaires…!)
2. Un des symptômes de la maladie cœliaque est d’avoir toujours faim. Parce qu’on ne garde rien, mais aussi parce qu’on n’assimile aucun nutriment, notre corps ne reçoit pas le signal de satiété. Par conséquent, on mange plus. Mais comme on se vide instantanément et allégrement, il n’y a pas de conséquence sur le tour de taille. Et on s’habitue à manger plus! C’est une habitude difficile à perdre une fois le bouchon installé!
3. Les produits sans gluten sont riches en gras et en sucre, deux éléments qui servent à compenser pour le goût de carton et la texture des pains et pâtes. On absorbe donc plus de calories… avec l’impact irrémédiable sur le corps!
Je ne mange pas beaucoup de produits transformés SG parce que je n’aime vraiment pas le goût (sauf les mini brownies Tout sauf gluten…! Dangereux en SPM!) Par contre, je compense en mangeant davantage (trop) d’aliments que je ne mangeais pas avant. Une vengeance contre mon régime restrictif qui a un impact sur mon poids…
Mes trois nouveaux péchés mignons? Le mélange de noix et chocolat noir Kilimanjaro de Prana (j’ADORE ces noix, les seules qui me donnent un sentiment de satiété. Et les noix SG sont très difficiles à trouver… La plupart contiennent du blé (!) ou ont été contaminées par du gluten. Prana est mon unique recours pour le moment…), les mini pepperonis (que je n’avais jamais mangé avant!) et le prosciutto que j’ajoute à mes pâtes de riz. Beaucoup trop de sel et de gras!
Ajoutez à ce « régime » une préménopause (j’imagine que c’est le cas parce que j’avance en âge mettons!) et une frozen shoulder qui m’a empêchée de faire du yoga pendant des mois (et qui m’a poussé à manger un peu plus pour compenser la douleur) et vous avez le scénario parfait pour devenir plus « enveloppée ». Les 30 livres que plusieurs médecins prédisent à leur patient récemment diagnostiqués se sont transformées en 50 livres…
Et cette situation n’est qu’un des aspects de la vie avec une maladie auto-immune…
Comment je vis avec ce « nouveau » corps ?
Je suis ambivalente.
D’un côté, à 118 livres j’étais en dessous de mon poids santé et ça paraissait! Si je correspondais davantage aux normes du marketing, j’avais l’air malade. J’avais hâte que la chute de poids s’arrête! Mais disons que je n’aurais pas détesté garder le corps, sans les joues creuses!
Ensuite, mes rondeurs signifient que je suis en meilleure santé. J’absorbe enfin mes nutriments et je ne suis plus anémique. Toute une victoire! Me voir « ronde » signifie pour moi que je suis sur le bon chemin. (Et j’ai enfin des seins, détails non négligeables!).
Mais pour être totalement en forme et en santé, je devrais tout de même retrouver un poids plus raisonnable… Retrouver le juste milieu. Un peu d’exercice et quelques modifications à mon alimentation devraient rétablir le tout! (Et beaucoup de volonté… ce qui fait défaut je l’avoue.)
Je pense que si je dois ENCORE renouveler ma garde-robe parce que je n’entre plus dans rien, je vais avoir le coup de pied au derrière dont j’ai besoin!
* De nombreuses raisons peuvent inciter des individus à retirer le gluten de leur alimentation. Par exemple, plusieurs personnes souffrent d’intolérance non coeliaque et ressentent des symptômes très incommodants. D’autres le font pour des raisons idéologiques. C’est à chacun de déterminer ce qu’il y a de mieux pour sa propre santé et vivre en fonction de ses valeurs personnelles.
** La maladie coeliaque est une maladie auto-immune aux conséquences mortelles. Le seul traitement connu à ce jour est l’adoption à vie d’un régime strict sans gluten.
Si vous avez des questions sur la maladie coeliaque, je vous invite à consulter le site de la Fondation québécoise de la maladie cœliaque ou celui du Canadian Celiac Association.
Wow!
J’ai l’impression d’avoir écrit ce texte. Tout est vrai. Ce texte m’a fait du bien. Un autre personne vie la maladie comme moi et cela est rassurant
Merci
Merci Genevieve pour ton commentaire! On se sent parfois tellement isolée avec cette maladie!