Tout le monde le sait, être conjointe de quelqu’un souffrant de troubles de santé physique ou mentale a un impact majeur sur notre bien-être personnel. Une partie du problème c’est que les conséquences sont insidieuses… elles se font sentir peu à peu, au fil des mois. Nous gérons les défis au moment où ils se présentent, mais l’accumulation de petites frustrations et de deuils finit par peser lourd sur nos épaules. C’est parfois long avant de s’en rendre compte. Surtout quand il y a de belles périodes ensoleillées. Périodes où nous oublions d’être en mode « rescousse ». Ces répits nous permettent de maintenir le monde en équilibre sur nos épaules, sans remarquer le poids qui s’y accumule. Quand vient une rechute, aussi brève soit-elle, nous prenons soudain conscience de la surcharge qui nous afflige.
Voici une partie de mon guide de survie. Je vous ai déjà parlé de ma façon à moi de gérer les moments plus difficiles, mais un ami m’a suggéré de partager avec vous ces quelques trucs supplémentaires. Bien entendu, chacun a sa propre façon d’aborder les difficultés. Personnellement, je vois chaque frustration, chaque épreuve comme un bloc de ciment. Je peux me laisser écraser par ce bloc, ou m’en servir comme marche pour monter plus haut. À un moment ou un autre, chacune de ces stratégies m’a permis de grimper quelques marches plutôt que m’écrouler sous leur poids.
4 activités pour garder mon équilibre.
L’aide extérieure par la lecture
Prendre conscience que nous ne sommes pas seules à vivre et ressentir toutes ces émotions est le meilleur point de départ pour garder la tête froide. Il est donc important d’identifier les ressources pouvant nous soutenir dans notre nouveau rôle. Et aller chercher de l’aide au besoin.
Mea Culpa, je n’ai pas été chercher celle que mon Guerrier aurait aimé que j’aille chercher. Mais j’en ai trouvé qui ME convenaient. Et je sais qu’au besoin, je peux facilement entrer en contact avec les ressources suggérées.
Je suis autodidacte… je suis solitaire… j’aime avancer à mon propre rythme. La lecture me permet de trouver de l’aide au moment où j’en ai besoin. Lire les témoignages d’autres personnes qui vivent la même chose (même s’ils sont assez rares du côté des effets des commotions cérébrales sévères ! Sur le PTSD, c’est plus facile.) ; lire des ouvrages écrits par des professionnels ; des études sur le sujet ou des histoires inspirantes.
Savoir que l’aide existe peut parfois être suffisant. Pas pour tout le monde !! Mais pour moi, pour le moment, c’est assez. Et j’ai ma liste de ressources bien inscrite dans mon agenda.
S’impliquer « ailleurs »
Ça peut sembler paradoxal de donner encore plus, quand le support que l’on fournit déjà à la maison nous pèse sur les épaules. Personnellement, faire du bénévolat dans un domaine différent me permet d’utiliser d’autres compétences et de me valoriser. C’est aussi une excellente façon d’échanger, de prendre conscience de différentes perspectives, de côtoyer une autre réalité et d’élargir mes horizons. C’est une belle bouffée d’air frais qui fait du bien à tout le monde !
Les rendez-vous avec l’artiste
Il y a quelques années, j’ai lu le livre « Libérez votre créativité » de Julia Cameron. L’un des exercices qu’elle propose est de prendre rendez-vous avec soi-même une fois par semaine. Artiste ou non, on peut s’inspirer de cette suggestion pour se donner du temps à soi.
Selon certains critères, je m’accorde déjà beaucoup de temps personnel (je me lève à 5 h tous les matins). Mais je parle ici d’ajouter un rendez-vous qui sort de la routine quotidienne. Partir marcher seule en forêt. S’offrir un soin de beauté, un massage. Participer à une activité ou une conférence offerte par la bibliothèque municipale. Sortir avec une amie.
Ce que j’ai découvert la semaine dernière, c’est que j’ai ressenti un double bienfait en m’accordant du temps pour moi alors que la famille était à la maison. J’ai toujours évité d’utiliser du temps familial pour faire quelque chose pour moi-même. Mais permettre aux autres de remarquer notre absence leur permet de se reposer sur leurs propres ressources… et de réaliser les bienfaits de notre présence. 😉
Tenir un journal
Écrire. Me vider le cœur par écrit. Même si j’ai conscience que j’exagère un peu, que je ne regarde qu’un côté de la médaille. Me donner le droit, dans un espace personnel, de manquer d’empathie, de cohérence ou de sollicitude. Me permettre d’être égoïste dans mes pensées, le mettre par écrit, me vider le cœur pour ensuite voir clair, remettre les choses en perspective et prendre conscience que finalement, ce n’est pas si pire que ça. Revenir le cœur léger.
Parler avec une amie peut faire la même chose… mais un journal écoute parfois tellement bien !
2 changements d’attitude
C’est son problème, pas le mien…
… ou redéfinir nos responsabilités.
Parfois, en voulant aider, nous avons tendance à trop en faire… parce que c’est plus simple. Parce qu’on ne veut pas que l’autre se sente dévalorisé. Parce qu’on essaie de faire disparaitre un éléphant.
Par exemple, si mon Guerrier n’a plus de mémoire, c’est à lui de mettre en place des stratégies pour combler ses lacunes. Je peux l’aider à trouver des trucs, mais je ne suis pas sa mère non plus. Je pense que nous devons encourager l’être cher à se responsabiliser. Et penser à un plan B pour toutes les fois où les trucs auront été négligés… ou oubliés.
Oui, il faut développer davantage notre autonomie, mais pour toutes les situations qui ne nous touchent pas personnellement, il faut savoir lâcher prise. S’il est en retard ou oublie ses rendez-vous, ses documents ou son lunch, ce n’est pas « mon » problème. Je peux lui rappeler si j’y pense ou je remarque un oubli, mais je ne veux plus me sentir responsable de ses lacunes. Je pense que les échecs font aussi partie de la réhabilitation. Et rien de mieux pour inciter quelqu’un à mettre en place un système qui fonctionne que subir les conséquences d’une mauvaise méthode !
Repenser mon propre rôle, aide à tout remettre en perspective. J’essaie de plus en plus d’aider quand c’est nécessaire, mais sans prendre le « take over ». Redéfinir la perfection est une tâche parfois ambitieuse !
Prendre conscience de tout ce qu’on fait — et à quel point on le fait bien.
La gratitude des personnes que l’on aide est toujours appréciée (et nécessaire) mais parfois pas suffisante. Nous devons prendre conscience par nous-mêmes de nos bons coups. Être fier de ce qu’on accomplit, des défis que l’on relève. C’est une excellente façon d’éviter d’avoir l’impression de ne pas en faire assez, ou de vouloir en faire encore un peu plus. Réaliser que justement, on en fait déjà assez. Parfois même plus que nécessaire.
Naturellement, toutes ces stratégies qui fonctionnent pour moi n’ont absolument rien de scientifique ! Et je suis convaincue qu’elles ne sont pas suffisantes dans bien des situations. Mais elles peuvent être d’un grand secours pour soutenir d’autres mesures mises en place par des professionnels… ou servir de soupape au coeur de la plus simple des relations de couple ! 😉
Le livre de Julia Cameron m’intéresse: merci d’en avoir parlé, ainsi que de tes autres trucs!
Je suis contente de te l’avoir fait découvrir! Plusieurs exercices très intéressants dans son livre. Plusieurs artistes confient en entrevue qu’ils s’en inspirent régulièrement.